Berceuse pour la petite fille dont les parents sont de sortie.
L'enfant seule à
la maison.
A l'heure des princes,
Quand les portent grinces,
ça - ce que l'on entend -
Est-ce un galant d'antan ?
Un autre grand gredin
Riant d'un ton badin ?
Pourvu que, de grâce,
Sans laisser de trace,
Tous ces bruits s'atténuent...
En courant continu
Sur ton front, en lueur,
Fuit ta suave sueur.
Des frissons sur les bras,
Cache-toi sous les draps
Et le gros édredon.
Tire sur le cordon
Que le jour s'éteigne
- Le silence reigne -
Bon sang, ce coeur qui bat
Dans la pièce, ici-bas,
Est-ce qu'il t'appartient?
Non, ce n'est pas le tien.
Oh! Mais quel supplice!
Sents, tes yeux se plissent.
Prise de cessité,
Dans la nécessité,
Pas d'autre choix... Alors,
Tu tentes un oeil dehors.
L'attente est à haïr
Mais vas-tu te trahir ?
Ouf ! Tu t'en sorts sans heurt
Car c'est avec bonheur
Que tu reçois sans voir
Ton visiteur du soir.
Là pour te rire au nez,
Le chat vient ronronner.
Plus de mal au bide:
La maison est vide.
le bruit prend la porte,
La raison l'emporte.
Les phares de l'auto
T'éclaireront bientôt.
Ah! Ce n'est pas marrant
Quand sortent tes parents.
Mine déconfite,
Tu grandis, petite.
Plus tard, dans ces moments
Surgira ton amant.