Extrait n°5 de mon Journal "En souvenir de ta petite enfance"
Jeudi 21 mai (1) :
On a encore repris la route en vélo tous les deux, mon fils. Simplement, cette fois-ci, ce n'était pas le bon moment du tout. A peine deux minutes à pédaler et je t'ai senti dans mon dos.
J'ai d'abord cru que tu t'amusais à me chatouiller. En effet, souvent il t'arrive de me relever le pull pour y glisser ta main malicieuse, ce qui déclenche de mon côté un petit mouvement vers l'avant par réflexe dû au froid de ton contact et à ma surprise. Comme tu éclates de rire, on joue à ça à répétition...
Non, aujourd'hui, tu ne l'as pas fait, comme tu n'as pas non plus gigoté de la droite vers la gauche et vice et versa, à faire tanguer notre petite embarcation, dans ton siège passager, comme à ton habitude...
Bizarrement tu étais calme et silencieux. C'était ton casque bleu que je sentais dans mon dos.
Arrivé au 1er feu, au rond point, je me suis rendu compte à ton reflet dans une vitrine que tu avais carrément piqué du nez. Et oui, j'aurais du y penser : tu étais en manque de sommeil et je ne t'ai pas mis à la sieste en cette fin de matinée. Du coup, je m'en veux. Je me suis retrouvé coincé: parti en balade avec toi, sans mes clés, alors qu'Audrey, ta maman, s'en est allé faire les courses. Enfermés dehors que nous sommes, nous ne pouvons pas non plus abandonner le vélo : je n'ai pas les clés de l'antivol !
Pas de doute, il nous fallait poursuivre la route. Tu as dormi durant tout le trajet jusqu'au square de l'Hotel de ville. Mais cela devait être bien inconfortable dans cette posture, penché vers l'avant.
En plus, à chaque halte, tu avais des sursauts, ça m'a fait culpabiliser. Heureusement, arrivés au square, l'intérêt suscité par les nouveaux jeux que tu découvrais a réussi à t'éveiller. Un sourire rayonnant a pris place sur ton visage et on a pu laisser le vélo dans un coin, prés du grillage, en le surveillant de loin.