réédition du poème "toi, ce havre au bout du monde" - version intégrale
Toi,
ce havre au bout du monde.
En
provenance de Rouen,
Tancarville
et son pont,
Je
t'ai rallié, roulant
Pour
découvrir au fond:
La
Seine, son estuaire
Et
puis, autrement dit
Ta
longue zone portuaire
Et
le pont d'Normandie.
De
bonne heure le matin
Observant
l'horizon
Mon
regard a atteint:
Des
usines; des maisons
(Harfleur
la soeur d'Honfleur);
Des
cheminées qui fument;
De
l'herbe et même des fleurs;
Et
ce pétrole qu'on hume!
Par
une belle météo
D'Août,
en plein mois d'été,
J'ai
découvert ton eau
Et...
de l'autre côté.
Pour
longer tes canaux
J'aurais
pu prendre les quais
Ne
pas voir les panneaux!
Des
dockers, aux troquets,
M'auraient
trouvé curieux.
Du
quartier des neiges
Au
clocher laborieux
J'aurais
dit:"où vais-je?"
Alors
quartier de l'Eure
Devant
cette petite tour
En
voyant passer l'heure
J'aurais
fait demi-tour.
J'ai
plutôt préféré
Passer
par Graville
Du
haut du prieuré
Admirer
ta ville,
Je
n'ai pas pris les cotes
Ou
bien les escaliers
Pour
rallier la ville haute
Le
courage pour allier.
Non,
j'ai ensuite rejoints
Après
de longs trottoirs
Le
carrefour du Rond-point.
Tel
un tableau d'Authouart,
Il
m'a paru bruyant
Vivant
et décoré;
Rue
Aristide Briand,
Les
gens sont colorés.
Après
l'marché arabe,
Au
triangle des gares
J'ai
mangé un Kebab.
Puis
j'ai vu tes hangars.
Il
y en a beaucoup
Tout
au bord des bassins.
Assis,
buvant un coup
J'eus
soudain un dessein.
Et
ce, à la seconde
Où
dit un plaisantin:
"Près
du bout du monde
Je
dormais ce matin".
J'ai
repris la route
En
allant là tout droit
Sans
avoir de doute
De
trouver cet endroit.
Devant
le grand Volcan
J'ai
pris ta passerelle
Et
aperçu, éloquents,
L'hôtel
et sa tourelle
(Qui
ne sont pas géants
Comparés
à l'église)
Et
ton portail béant
Comme
une belle balise!
Derrière
c'était la mer
(Et
non pas l'océan).
C'est
alors qu'arrivèrent
Ces
bons vieux goélands.
Pour
bien me repérer
Du
poucet n'ai plus l'âge.
Si
seulement Perret
Avait
vidé ta plage
De
tous ses ronds galets
J'aurais
suivi les pas
De
ceux qui sont allés
Voir
la fin sans trépas.
J'ai
fait confiance au sort
Entrant
dans Sainte-Adresse
Et
suis monté au fort
Qui
tout là-bas se dresse.
De
ce panorama:
La
mer et des voiliers
En
tous petits amas
Qui
voguaient par milliers.
Alors
non sans effort
J'ai
pu sans brume, sans fard
Trouver
ton sémaphore,
La
Hève, son cap, son phare...
C'était
la fin de piste.
Ce
bord de la falaise
Que
les impressionnistes
Ont
dépeints bien à l'aise.
Après
ce beau voyage,
Heureux
comme Du Bellay
Et
Ulysse son personnage,
J'ai
ouvert les volets
D'une
jolie maisonnée
Et
y ai pris demeure.
Et
pour bien résumer,
Si
un matin je meurs,
J'aurais
tout vu du monde
Serait
allé au bout
Où
des lieux à la ronde
Il
n'y a pas un loup.